Auteur : Pierre ADNÈS.
 
Tome 14 - Colonne 1329
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Titre de l'article : SURNATUREL.
Début de l'article :
— Le mot n'est pas rare, sans être très commun, dans le vocabulaire de la littérature spirituelle. On se propose ici d'en préciser le sens. Mais parce que c'est un mot qui appartient aussi au langage de la théologie, où il joue un rôle important, quelques points de repère à cet égard ne seront pas inutiles à titre de préliminaires. 1330
I. POINTS DE REPÈRE THÉOLOGIQUES
On traitera séparément de l'histoire du terme et de l'élaboration du concept. 1. Le terme n'a pas d'origine directement biblique. En tant que vocable particulier, surnaturel ne se présente même que relativement tard dans la tradition chrétienne. Un long processus sémantique, que jalonnent en milieu grec divers mots, en a préparé l'apparition. 1° Sont d'abord à citer les adjectifs υπερουράνιος (= qui est au-dessus du ciel, supra-céleste), employé par Platon (Phèdre 247c, éd. L. Robin, coll. Budé, Paris, 1961, p. 38) et υπερкóσμιος (= qui est au-dessus de ce monde, supra-mondain), plus en faveur chez les néoplatoniciens (Proclus, In Platonis Timaeum, éd. E. Diehl, coll. Teubner, t. 3, Leipzig, 1906, p. 88, 19 ; 163, 10 ; 209, 7 ; 276, 31). Leur signification est soit cosmique et spatiale, — ils veulent alors indiquer la demeure des dieux, située au-dessus de la terre, dans les couches plus ou moins élevées des cieux, quand ce n'est pas au-delà même de tous les cieux —, soit qualitative et spirituelle ; ils désignent en ce cas la mystérieuse essence des différentes divinités. Facile est le passage d'une sens à l'autre dans la mesure où la place des êtres dans l'univers révèle leur nature. De ces termes la patristique use également dans les deux sens, mais le sens local n'est ici généralement que l'expression symbolique de la diversité essentielle de qualité existant entre Dieu et le monde. L'emploi de l'adjectif υπερουράνιος (supracéleste) pour signifier des réalités transcendantes ou proprement divines se rencontre par exemple souvent, — réminiscence de Platon —, chez Clément d'Alexandrie (Protreptique IV, 56, 4, SC 2, 1976, p. 120) et Origène (Contre Celse V, 5, SC 147, 1969, p. 24 ; Traité des...

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