— « L'homme intérieur » et « l'homme extérieur » sont des expressions qui font partie du vocabulaire chrétien depuis saint Paul. Nous nous proposons de faire une enquête sur le sens de ces mots chez quelques auteurs particulièrement importants de la tradition spirituelle ; enquête non exhaustive, est-il besoin de le dire ? D'autre part, notre recherche se bornera à l'étude des utilisations explicites de l'expression et ne fera pas entrer en ligne de compte les expressions équivalentes. Comme il est évident, ce sens, — ou ces sens, car les utilisations qui sont faites de « l'homme intérieur » chez le même auteur ne sont pas toujours cohérentes —, est souvent en rapport direct avec la conception que se fait cet auteur de la structure de l'âme et du processus de la divinisation de l'homme. Nous toucherons donc constamment aux questions qui ont déjà été abordées dans les articles Structure de l'AME (DS, t. 1, col. 433-469), COR (t. 2, col. 2278-2307), DIVINISATION (t. 3, col. 1370-1459), ESPRIT (t. 4, col. 1233-1246), HOMME (t. 7, col. 622-637) ; ou qui le seront dans des articles à venir, comme INTÉRIORITÉ, INTROVERSION. 1. Saint Paul. — 2. L'âge patristique. — 3. Du moyen âge au 16e siècle. — 4. Le 17e siècle. — Conclusion.

1. SAINT PAUL

Dans l'Écriture, seul saint Paul utilise, par trois fois, l'expression « homme intérieur ». Avant d'en préciser 651 le sens, il convient de remarquer que les évangiles rapportent des enseignements du Christ où se retrouve la distinction intérieur-extérieur de l'homme (vg Marc 7, 21 ; Mt. 6, 4 et 18 ; Luc 11, 39). D'autre part, les commentateurs des trois textes pauliniens qui parlent de l'homme intérieur (ὁ ἔσω ἄνθρωπος) se sont attachés à retrouver cette expression, ou d'autres très proches, dans la littérature antérieure ou contemporaine. Ainsi Platon parle de l'ὁ ἐντὸς ἄνθρωπος, qui lutte contre ces bêtes féroces que sont les instincts mauvais (République IX, 589a), et lui donne...

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