— 1. Vie. — 2. Œuvres. — 3. Doctrine, sources et influence.

1. Données biographiques.

— « Nul écrivain du moyen âge n'est plus profondément mystérieux que celui-ci », écrit É. Amann en essayant de définir la personnalité et la vie d'Honorius, au début de l'excellent article qu'il lui consacre (DTC, t. 7, col. 140). « Il a enveloppé sa propre personne dans un brouillard presque impénétrable », écrit de même M. Manitius en tête 731 du chapitre concernant Honorius dans son « Histoire de la littérature latine du moyen âge ». C'est en effet un lieu commun chez les historiens de la littérature médiévale : quand ils ne qualifient pas cet auteur de « mystérieux », ils le jugent « énigmatique ». Honorius paraît avoir été lui-même à l'origine de cette légende de mystère et s'être créé une personnalité intrigante. Lorsque les manuscrits de ses oeuvres citent son nom, ils l'accompagnent parfois des épithètes solitarius et inclusus. Qui pouvait bien être cet auteur ermite ou reclus, retranché du monde ? Pourquoi sortait-il de son isolement pour adresser aux hommes de son temps des ouvrages au reste fort répandus ? Cette qualité de reclus étonne sans doute nos contemporains plus que ceux d'Honorius, mieux accoutumés à ce genre de vie religieuse. Il semble, d'autre part, que pour plusieurs de ses ouvrages, Honorius ait voulu garder l'anonymat afin de mettre son travail à l'abri des attaques que la haine ou l'envie de ses adversaires pouvaient lui attirer ; ceci n'est pas fait pour mieux éclairer la personnalité de notre auteur. Une seule fois, Honorius a paru vouloir donner les plus grandes précisions sur son identité. C'est à la fin d'un de ses opuscules, le De luminaribus Ecclesiae, sive de scriptoribus ecclesiasticis (PL 172, 232-234), où il dresse l'inventaire des auteurs ecclésiastiques depuis le début de l'ère chrétienne jusqu'au règne d'Henri V d'Allemagne (1106-1125) : il clôt son énumération par une notice sur ses propres ouvrages et il s'intitule lui-même alors Honorius Augustodunensis ecclesiae presbyter et scolasticus. Encore reste-t-il à...

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