— L'article qui précède ayant présenté les origines et le développement historique des ordres hospitaliers, on s'attachera principalement ici à un point de vue plus spirituel : dans quel esprit, au nom de quelles valeurs l'hospitalité est-elle offerte ? Après quelques traits tirés de l'antiquité préchrétienne, on exposera la doctrine de l'Évangile. On évoquera ensuite des textes et des exemples vécus qui manifestent à divers titres la spiritualité évangélique de l'hospitalité. Ces textes et ces exemples seront choisis de préférence, non pas chez ceux qui ont voué leur existence au service d'autrui dans une forme ou l'autre de l'hospitalisation, mais au sein de la vie de l'Église dans son ensemble et de chrétiens particuliers. 1. Antiquité. — 2. Écriture. — 3. L'Église ancienne. — 4. Monachisme. — 5. Moyen âge. — 6. Époque moderne. — 7. Situation actuelle.

1. L'antiquité.

— Les hommes du monde antique avaient conscience que l'hospitalité donnée à l'étranger qui demande asile, soit dans un foyer, soit dans une cité, était une marque non équivoque de civilisation. Au contraire, le monde des barbares leur apparaissait inhospitalier du fait que leurs clans et leurs tribus étaient exclusifs et que l'inconnu y était suspect. Il est possible qu'à l'origine ξένος ait désigné indifféremment l'étranger et l'ennemi ; la parenté de hospes et hostis est également probable. « On peut dire que la civilisation a franchi un pas décisif, et peut-être son pas décisif, le jour où l'étranger d'ennemi est devenu hôte, c'est-à-dire le jour où la communauté humaine a été créée » (J. Daniélou, Pour une théologie de l'hospitalité, VS, t. 85, 1951, p. 340). Ainsi la Grèce célèbre l'hospitalité. Non seulement proscrire un étranger apparaît très tôt comme une coutume barbare (Strabon, Geographica XVII, 1, 19), mais Homère et, après lui, Platon soulignent plusieurs traits importants et constants depuis lors dans la 809 conscience humaine. D'abord, accueillir l'étranger ne...

[...]