Auteur : Louis LE GUILLOU.
 
Tome 9 - Colonne 150
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Titre de l'article : LAMENNAIS (FÉLICITÉ), 1782-1854.
Début de l'article :
— 1. Vie et oeuvres. — 2. Christianisme de Lamennais.
1. Vie et oeuvres.
— « Je romps et ne plie pas », telle était la devise de Lamennais. Devise fière, orgueilleuse, ont dit certains. Ne voir cependant, dans la rupture de Lamennais avec l'Église, que le fait de l'orgueil blessé, dans sa révolte que l'affrontement d'un simple individu avec un pape, Grégoire XVI, pour de pures raisons personnelles, c'est risquer de passer à côté du grand drame qui s'est joué dans l'Église du 19e siècle et dont l'aventure mennaisienne, qui manifeste les énormes difficultés d'adaptation de la société religieuse au monde, n'est qu'un simple épisode.
1° LES ANNÉES DE FORMATION.
— Petit homme malingre, à la mine chétive, qui souffrira toute sa vie d'une dépression de l'épigastre, Félicité de La Mennais (à partir de 1836-1837, il signera Félicité Lamennais) est né, le 19 juin 1782, à Saint-Malo, la ville des corsaires. Très tôt orphelin de mère, laissé par son père, armateur et négociant, à la garde de son frère Jean-Marie (voir notice suivante) et de son oncle Robert des Saudrais, autodidacte, sans jamais aucune formation de séminaire (contrairement à ce que prétendra un jour Ernest Renan), c'est tiraillé, presque contraint par ses amis ou son directeur de conscience, l'abbé G.-T. Carron (1760-1821 ; cf DS, t. 2, col. 209-211), qu'il accepte les ordres mineurs, puis la prêtrise, le 9 mars 1816. Torturé par le caractère irrévocable de son engagement sacerdotal, Féli (abréviation coutumière de son prénom), qui n'a pas la vocation de « recteur » de paroisse bretonne, est soucieux de trouver dans l'Église la place exacte qui lui convienne : c'est la plume qui va lui permettre de gagner très vite une gloire qui allait le placer au rang de nouveau « père de l'Église » et peut-être (car la chose n'a jamais pu être prouvée) lui valoir, en 1826, une nomination de cardinal in petto par Léon XII.
2° LE NOUVEAU « PÈRE DE L'ÉGLISE ».
— Les deux premiers volumes de l'Essai sur l'indifférence (Paris, 1817 et 1820) furent accueillis avec un...

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