Auteur : Pierre ADNÈS.
 
Tome 9 - Colonne 287
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Titre de l'article : LARMES.
Début de l'article :
— La question des larmes tient une place importante dans la spiritualité des siècles passés. Elle mérite, « ne serait-ce qu'à ce titre, d'être étudiée. 1. Le phénomène naturel des larmes. — 2. Les larmes dans l'Écriture. — 3. Dans la tradition de l'Orient chrétien. — 4. Chez les spirituels d'Occident.
1. Le phénomène naturel des larmes
Les larmes sont d'abord un fait de pure physiologie, que décrivent les dictionnaires et manuels classiques, et nous y renvoyons ; elles sont aussi une question de psychologie. Certaines émotions vives peuvent activer et exagérer de façon plus ou moins abondante la sécrétion lacrymale. On lui donne souvent dans ce cas le nom de pleurs. Pleurs a ainsi un sens spécifique et plus restreint que larmes. La douleur physique, mais surtout la douleur morale sous toutes ses formes (deuil, tristesse, affliction, souci, regret, mélancolie, nostalgie) sont parmi les causes habituelles des pleurs, si bien que, pour le sens commun, les larmes sont le signe du chagrin comme le rire est le signe de la joie. On peut aussi pleurer de colère, de rage, d'impuissance, de révolte, de jalousie, de désir inassouvi, de désespoir. On pleure de pitié, de compassion, de reconnaissance, d'émoi esthétique. On pleure de soulagement au sortir d'une grande souffrance physique ou morale, d'un état d'angoisse longuement contenu, ou de joie à l'annonce d'une nouvelle inespérée. On rit même aux larmes dans certains grands accès d'allégresse. Au fond, il y a peu d'émotions que les larmes ne soient capables d'exprimer. Ces états émotifs sont eux-mêmes une réaction consécutive à un jugement instinctif de valeur se rapportant à des biens considérés comme menacés dans leur existence, perdus, irréalisés ou irréalisables, ou encore comme obtenus contre toute attente. C'est le sentiment de cette menace, de cette perte, de ce caractère d'irréalisabilité ou de non-réalisation de fait, d'obtention inespérée, qui provoque l'émotion dont l'expression sensible se trouve dans les pleurs. Les 288 larmes ont par là, indirectement au moins, un aspect moral. Elles relèvent...

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