— L'idée de registres célestes est ancienne. Nous la rencontrons surtout dans les religions de l'antiquité en Orient. Elle s'est glissée aussi dans les textes de la Bible ; et, par leur intermédiaire, elle a pris place parmi les traditions chrétiennes. Des documents babyloniens primitifs attestent déjà la croyance que le destin du monde et des hommes est écrit à l'avance sur les tablettes du ciel et donc immuablement fixé (cf L. Koep, Das himmlische Buch, cité infra, p. 4). Les auteurs des Livres saints (Jér. 22, 30 ; Éz. 2, 9-10 ; Ps. 138, 16 ; Dan. 10, 21 ; Apoc. 5, 1-5 et 10, 2-11) en ont modifié la formule pour attester que les arrêts du Dieu Tout-Puissant sont irrévocables. Les apocryphes de l'ancien Testament et la littérature rabbinique y ont pareillement fait écho. P. Billerbeck (p. 173 svv, cité infra) fait remarquer que la tradition juive rattachait cette idée au titre du chapitre 5 de la Genèse. La « liste des descendants d'Adam » est à leurs yeux le répertoire de tous les descendants d'Adam, distribuée par générations, et de leurs destinées. Parallèlement, on rencontre aussi, en quelques passages de la Bible (Mal. 3, 16 ; Is. 65, 6 ; Dan. 7, 10 ; Col. 2, 14 ; Apoc. 20, 12), le « registre des oeuvres » (cf Koep, RAC, t. 2, col. 725-726), où toutes les bonnes et mauvaises actions des hommes sont notées en vue du jugement de Dieu. Les écrits rabbiniques et apocryphes y recourent abondamment (cf Billerbeck, p. 171 svv). Mais dans la Bible les archives du ciel présentent encore un autre état, dont nous ne possédons pas d'autre attestation dans l'Orient antique : Dieu tient un livre des vivants, d'où il raie ceux qui vont mourir. Nous ne traiterons ici que de ce dernier aspect, appelé tantôt « Livre de Dieu », tantôt « Livre de vie » (ou parfois « Livre des vivants »), et de son importance dans la tradition biblique et chrétienne.

1. ORIGINE.

— L'existence de listes de citoyens est attestée pour l'ensemble de l'Orient antique, y compris l'Égypte. Elles étaient indispensables à l'administration...

[...]