— Nous nous proposons d'étudier l'une des plus graves épreuves de la vie spirituelle, celle du dégoût de Dieu et des choses de Dieu. Nous nous appliquerons 1. à discerner ses espèces diverses ; 2. nous décrirons le dégoût-épreuve du juste en marche vers sa perfection ; nous préciserons 3. le but providentiel de cette épreuve et ses deux principales formes ou phases ; nous terminerons 4. par l'exposé des remèdes dont doit user l'âme éprouvée.

1. Les diverses espèces du dégoût spirituel.

— Considéré en général, le dégoût spirituel est une répugnance que l'âme éprouve à l'égard de Dieu et de tout ce qui se rapporte à Dieu. Cette répulsion spirituelle est précisément appelée dégoût, parce qu'elle peut se comparer à la répugnance qu'un malade ressent devant la nourriture corporelle. De la même manière, en effet, l'âme se dégoûte de ses aliments spirituels, qui sont la prière et les autres exercices. Il s'agit donc bien de la manifestation d'une sorte de maladie spirituelle. C'est la nature de cette maladie qu'il importe de déceler : ce mal de l'âme est une vraie maladie spirituelle, soit celle du péché grave, soit celle de la tiédeur ; ou bien il n'est qu'une tentation de la vie chrétienne. On voit que le dégoût révèle des maux de nature et de gravité variables. Le dégoût de l'âme pécheresse et celui de l'âme tiède sont, à des titres et degrés divers, des dégoûts coupables. Au contraire, le dégoût du juste tenté sur le chemin de la perfection n'est qu'une épreuve spirituelle, de soi méritoire.

1° Le dégoût coupable.

— Le dégoût coupable naît dans une âme lorsque celle-ci agit volontairement d'une manière plus ou moins mauvaise ou paresseuse à l'égard de Dieu et des choses de Dieu. Librement la volonté se porte vers le créé pour chercher en lui son repos et son bonheur. Ou bien elle s'attache à ce créé en désobéissant à la loi de Dieu, au point de rejeter la divine béatitude qui lui est proposée, et elle commet le péché grave. Ou bien la volonté se fixe librement une borne à elle-même dans son effort vers la perfection et, négligeant de se donner tout entière à sa...

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