Auteur : Henri MARTIN.
 
Tome 3 - Colonne 504
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Titre de l'article : DÉRÉLICTION.
Début de l'article :
— 1. Sens général. — 2. Description des états de délaissement. — 3. But de la déréliction dans le plan de Dieu. — 4. Utilisation de l'épreuve par l'âme délaissée.
1. SENS GÉNÉRAL ET SÉVÉRITÉ DE L'ÉPREUVE
Le mot déréliction vient du verbe derelinquere qui signifie délaisser, abandonner. Ce mot, qui conserve sa sonorité latine et revêt peut-être une plus rigoureuse technicité que ses synonymes, a donc deux équivalents en français usuel, celui de délaissement et celui d'abandon ou d'abandonnement. Ainsi saint François de Sales parle des « abandonnemens et dérélictions » de Jeanne de Chantal (vg lettres du 30 août 1605 et du 6 août 1606, Œuvres, t. 13, Annecy, 1904, p. 89, 203). Ce mot d'abandon est d'ailleurs à préciser. Il signifie souvent, dans le langage spirituel, la remise totale que l'homme fait de soi à Dieu (ABANDON, t. 1, col. 3-5). Au contraire, dans le sens où nous le prenons, abandon signifie le total délaissement apparent de l'homme par Dieu. Celui qui opère la déréliction c'est Dieu qui, du moins en apparence, délaisse et abandonne le juste en marche vers sa perfection. Puisqu'il s'agit du juste, il ne peut être question de réel abandon, le chrétien justifié possédant, par la grâce sanctifiante, dans le temple divinisé de son âme, l'Hôte divin en personne. Ce qui constitue précisément l'épreuve du délaissement dans l'ami de Dieu c'est l'impression soudaine qu'il est tombé, sans savoir comment, dans la disgrâce de son Maître. La main divine paraît s'abattre si rigoureusement sur lui qu'il se croit coupable et digne de l'enfer. Cette peine ne saurait atteindre que des âmes déjà élevées en perfection. Si certaines formes du dégoût peuvent être le résultat du péché ou de la tiédeur (voir art. DÉGOÛT), la déréliction ne peut se concevoir que comme l'une des épreuves purificatrices des justes. Le délaissé ne saurait souffrir de son délaissement par Dieu que si Dieu est devenu son seul amour, le seul objet de l'appétit profond de sa volonté. Or ce goût et cet amour se voient frustrés par l'impression invincible que Dieu se retire et manque...

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