Auteur : Maurice de GANDILLAC.
 
Tome 3 - Colonne 1497
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Titre de l'article : DOCTE IGNORANCE.
Début de l'article :
— Titre du traité le plus connu de Nicolas de Cues (écrit en 1440, après le voyage de l'auteur à Constantinople), l'expression docta ignorantia se rattache à toute une tradition, dont il serait impossible de refaire ici l'historique sans empiéter à chaque instant sur des notions qui seront étudiées de façon systématique, notamment aux articles NUIT, TÉNÈBRES, THÉOLOGIE NÉGATIVE, et auxquelles il a été déjà fait allusion plusieurs fois : à propos de la spiritualité allemande (t. 1, col. 328, 332, 335), à propos de la voie unitive (t. 1, col. 1022), à 1498 propos de la contemplation au 13e et au 15e siècle (t. 2, col. 1974 svv, 2003-2004). Les sources, directes ou indirectes, du Cusain sont, en effet, innombrables, depuis les textes classiques de Platon (en particulier ceux de la République, VII, 515c/e, sur la lumière qui éblouit les yeux du prisonnier libéré de la caverne, ceux du Sophiste, 254a, où l'étranger d'Élée, après avoir souligné que le sophiste vit dans l'obscurité du « non-être », ajoute aussitôt que le philosophe, qui « raisonne sur l'être », n'est pas, lui non plus, « facile à voir, en raison même de l'éclat de cette région », διὰ τὸ λαμπρὸν αὖ τῆς χώρας oὐδαμῶς εὐπετὴς ỏϕθῆναι — d'où l'on peut conclure, bien que le texte ne l'impose pas, que le contemplateur des Idées ne les saisit lui-même que dans une sorte de ténèbre lumineuse —, sans parler enfin des formules négatives de la première hypothèse du Parménide, qui ont fourni, par l'entremise surtout de Plotin et de Proclus, Un célèbre schéma « apophatique », bien éloigné, semble-t-il, du dessein originaire de l'auteur) jusqu'aux formules de saint Bonaventure sur la « claire ténèbre », dont il a été question ici-même, au tome 1, col. 1835-1838. Tout en présentant la notion de docte ignorance comme un véritable « don divin », reçu par grâce sur le bateau qui le ramenait de Grèce à la veille du concile d'Union (Accipe nunc, pater metuende, quae jamdudum attingere variis doctrinarum viis concupivi, sed prius non potui, quousque in mari me ex Graecia redeunte, credo superno dono a Patre...

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