Auteur : JACQUES DE BLIC, S. J.
 
Tome 1 - Colonne 1297
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Titre de l'article : BÉATITUDE.
Début de l'article :
— 1. Sens du mot. — 2. Principales questions afférentes.
I.Sens du mot.
— On entend par béatitude soit l'idéal de bonheur où aspire l'homme par une tendance profonde de sa nature diversement interprétée dans les philosophies chrétiennes, soit l'éternelle vie qui, d'après la Révélation est effectivement le partage des élus dans la vision intuitive de Dieu. Le terme de béatitude se trouve ainsi n'être pas exempt d'équivoque, puisqu'il désigne tantôt l'objet indéterminé d'un désir naturel — ce que les théologiens appellent beatitudo in communi — tantôt l'objet précis de l'espérance surnaturelle, beatitudo in speciali. Il n'y a pas là toutefois deux significations adéquatement distinctes et sans lien l'une avec l'autre ; car, en ce qui concerne du moins les adultes, l'unique vrai bonheur, c'est-à-dire l'unique bonheur complet et durable qu'ils puissent se promettre, consiste en fait sinon en droit dans la vie éternelle annoncée par Jésus-Christ. Seuls les enfants morts sans baptême avant l'âge de raison voient se réaliser sous une autre forme que celle de la vision de Dieu le bonheur dont on ne peut admettre que soit privée après la mort une âme innocente. Mais leur béatitude naturelle est infiniment au-dessous de la béatitude surnaturelle des élus. Malgré l'usage des grands scolastiques, il est d'une terminologie contestable, en spéculation chrétienne, d'appeler béatitude — même imparfaite — la félicité résultant ici-bas de la contemplation savante, des consolations divines ou de la vertu. Ces sortes de joies sont bien comme des reflets de la béatitude goûtée après l'épreuve de cette vie, et à ce titre elles nous aident beaucoup à nous la représenter. Elles en diffèrent néanmoins radicalement en ce qu'elles ne satisfont pas de façon totale et définitive notre désir de bonheur. C'est à cette satisfaction totale et définitive, envisagée avec ou sans les précisions de la Révélation chrétienne, que s'applique proprement le nom de béatitude.

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