Auteur : Alain GOUHIER.
 
Tome 11 - Colonne 64
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Titre de l'article : NÉANT.
Début de l'article :
— 1. Métamorphoses de l'apophase. — 2. Kénose et ascèse. — 3. Ascèse et co-rédemption. Rien, dans la Bible, ne permet le moindre compromis avec le nihilisme ou l'athéisme. Rien dans l'Église d'Orient ou dans celle d'Occident (y compris la Réforme) ne prépare un nihilisme ou un athéisme chrétien ; rien n'annonce une évolution qui, à la faveur d'une scolastique ou d'un nominalisme, acheminerait les consciences vers le crépuscule de Dieu ou de l'être. Pourtant, des traditions de connaissance et de contemplation relèvent d'une histoire de la pensée négative (même si l'on fait abstraction de Jacob Boehme, Schelling, Hegel, Heidegger). On peut reprendre cette histoire, en la réduisant à ses moments essentiels, sous trois aspects : 1) Néant et apophase. Parler d'un « néant divin », du néant comme l'un des noms divins, c'est annoncer l'infinie indépendance de Dieu par rapport à tout être créé et à tout dire humain. — 2) Néant et kénose. Lorsque la deuxième personne de la Trinité entre en communion médiatrice et rédemptrice avec ce qui est infiniment séparé de la vie divine, il y a comme un renoncement infini à son être divin, renoncement nécessaire pour que cette séparation soit assumée et dépassée. — 3) Néant et ascèse. L'homme fini et pécheur est comme un rien devant Dieu infini et rédempteur. Or, ces trois affirmations s'articulent différemment à l'Écriture. 1) Ex. 3, 14 paraît refuser l'apophase, quelles que soient les traductions, et même si Dieu semble y opposer un refus permanent de répondre à toute question sur lui-même. Tout, dans la scène du Buisson ardent, s'oppose à une interprétation qui retirerait l'être à Dieu sous prétexte que Dieu refuserait toute réponse à la question sur son être (cf. art. Nom, infra). 2) S'il s'agit de la kénose, Phil. 2, 7 ne propose pas une perspective ontique ou ontologique, mais bien une perspective éthique. Une obéissance absolue conduit le Fils de Dieu à « se vider » de tout ce par quoi il pourrait affirmer son égalité avec Dieu : il se vide de « la forme de Dieu » pour « prendre...

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