— 1. Vie. — 2. Œuvres et doctrine spirituelles. — 3. Vie pastorale et mystique.

1. Vie.

1° Avant le sacerdoce.

— Charles-Louis Gay est né à Paris le 1er octobre 1815 dans une famille bourgeoise d'une confortable aisance. Il grandit dans l'indifférence et l'ignorance religieuses. Élève du collège Saint-Louis, il fait sa première communion le 7 juin 1827, après avoir suivi la préparation donnée par l'aumônier, l'abbé Dumarsais, dont l'influence, réelle, est peu profonde encore. Au lendemain de la révolution de 1830, il cesse toute pratique religieuse, suit le goût du jour en « rimaillant contre les jésuites », se prend d'enthousiasme pour le mouvement romantique dont les chefs se détournent alors de l'Église et vit en bonne conscience dans l'indifférentisme. Il soutient que toute occupation absorbante est nuisible au développement harmonieux des facultés. Son année d'études philosophiques, il est vrai, le révèle un peu à lui-même : il se découvre artiste, probablement philosophe. Il lit la Somme théologique de saint Thomas dont il fait un résumé et trouve quelque lumière en étudiant le problème posé par le roman Volupté de Sainte-Beuve, paru en 1833. Cette force qui a conduit le héros du roman vers l'Église, Gay découvre qu'elle lui a été donnée. Désireux de connaître la loi de tout, il finit par conclure que cette loi est « l'Unité et que l'Unité est Dieu », unique intelligence, unique harmonie, unique beauté, qui vient lui-même sauver le monde du péché en envoyant son Fils (Notes inédites, dans B. du Boisrouvray, t. 1, p. 31). Tandis qu'il se consacre à la musique, les conférences d'Henri Lacordaire en 1835 et l'action discrète de Madame Hennelle, professeur de chant de sa soeur Céline, lui enseignent que ses raisonnements sur « les nécessités et les convenances » ne valent pas le moindre mouvement de charité. Il reconnaît en sa conduite contradiction et insuffisance. En mai 1836, il fait une confession générale au curé de Passy, et, durant les vacances de 1837, croit entendre un appel vers le sacerdoce. Mis en contact avec Frédéric...

[...]