Auteur : Aimé SOLIGNAC.
 
Tome 12 - Colonne 339
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Titre de l'article : PASSIONS ET VIE SPIRITUELLE.
Début de l'article :
— Le mot « passion » est d'usage courant. Mais il est difficile, sinon de le définir, du moins de découvrir une certaine unité dans ses multiples significations. Son utilisation dans le vocabulaire philosophique a connu des évolutions caractéristiques, bien que l'accord ne soit pas unanime sur leur ampleur (voir Vocabulaire critique et technique de la philosophie, éd. A. Lalande, 6e éd., Paris, 1951, p. 745-747, écho des discussions de la Société française de philosophie). Dans le langage courant, on remarque les mêmes évolutions ou fluctuations. Pris en lui-même, le mot s'oppose à action, et il devrait en conséquence désigner tout ce qui est passivité ; or, il désigne aussi parfois ce qui fait le dynamisme et la puissance de l'action humaine, et l'on parle de « passion de l'art, de la liberté, de la justice », etc. On reconnaît d'autre part que la passion a des effets nocifs : « affection violente qui nuit au jugement », qui « aveugle », « opinion irraisonnée, affective et violente ». Au pluriel surtout, le terme désigne des « états affectifs et intellectuels assez puissants pour dominer la vie de l'esprit par l'intensité de leurs effets ou la permanence de leur action » (P. Robert, Dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française, éd. abrégée, Paris, 1970, p. 1247) ; il en est globalement de même pour le grec πάθη, le latin passiones, l'allemand Leidenschaften, l'anglais passions. C'est ce dernier sens, au pluriel, qui semble dominer dans les oeuvres littéraires, la philosophie et la théologie morales, et aussi dans la tradition spirituelle. Notons cependant que la polyvalence ou, si l'on veut, l'ambiguïté du terme, ne restent pas inexplicables. La passion, chez l'animal et surtout chez l'homme, présente toujours un caractère relationnel. Elle résulte de l'affrontement entre un sujet et un objet qui se présente à lui : chose, personne, événement, situation. Ce qu'il y a de passif en elle tient à la rencontre, occasionnelle ou durable, de cet objet. Or la rencontre suscite toujours une réaction de la part du sujet, et c'est, paradoxalement,...

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