— I. Portugal. — II. Brésil.

I. PORTUGAL

A. De l'évangélisation au 15e siècle

Les premières manifestations de la littérature spirituelle produite sur le territoire de l'actuel Portugal sont les deux homélies De Lazaro et De martyrio Isaiae prophetae de l'évêque Potamius de Lisbonne (vers 357). On y décèle déjà le goût d'un certain réalisme dramatique dans la description de la souffrance et des misères de la condition humaine soumise au péché, thèmes qui reviendront souvent ultérieurement dans les écrits spirituels portugais. On y trouve aussi divers procédés rhétoriques provenant des écoles romaines auxquels ces mêmes spirituels se soumettront volontiers par la suite. Le pessimisme vis-à-vis de la nature humaine, l'attirance vers la souffrance se manifestent, quoiqu'avec une signification différente, dans le mouvement ascétique connu sous le nom de priscillianisme qui s'enracina profondément dans le nord du Portugal et en Galice, dès l'époque de Priscillien 1953 († 386 ; DS, t. 12, infra) jusqu'à celle de saint Martin de Dume ou de Braga († 579 ; t. 10, col. 678-80). On constate d'ailleurs une certaine opposition entre les régions du nord du pays (Galetia), sauvages et peu romanisées, et celles du centre et du sud (Lusitanie) où la culture romaine pénétra plus profondément. La condamnation des priscilliens fut l'oeuvre du clergé, plus instruit, de la province de Mérida. Sévèrement persécuté, leur mouvement n'a laissé que très peu d'écrits. Ce peu permet cependant de constater sa prédilection pour la vie ascétique ou monastique ; ses pratiques étaient orientées vers l'obtention d'un état de perfection ou d'élection (electi Deo) à travers une initiation à une sagesse de type gnostique. Dans cette optique, on comprend leur préférence pour des écrits du genre de l'Évangile de Thomas ou du Dialogue du Sauveur, tout comme leurs pratiques ascétiques très sévères, la réclusion pénitentielle par exemple. Exclu des villes, le mouvement s'enracina dans les campagnes ; il y imprégna la...

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