Auteur : Dominique BERTRAND.
 
Tome 12 - Colonne 2042
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Titre de l'article : PRATIQUE.
Début de l'article :
— Il est paradoxal de traiter de la pratique par la simple pensée : cela paraît injurieux pour elle ! Sans en appeler à l'opacité ressentie en tout travail sérieux de réflexion, on endosse ici le scandale, pressentant que se battre avec la pensée de la pratique permet d'entrer en vérité dans le drame, de sens et de foi, inhérent à la pratique elle-même. Sept étapes jalonneront ce débat.
1. LA PEUR DU REEL.
— A manier le mot « pratique », sa complexité apparaît vite. Les choses qu'il désigne, directement ou par contraste, l'augmentent encore. Cela conduit à penser que la valeur d'évidence reconnue d'emblée à la pratique joue plutôt comme un masque : nous nous en étourdissons comme de ce qui serait suprêmement concret et réel en vue de nous 2043 cacher sans remords ce concret et ce réel. Comme tout slogan, la pratique invoquée, adulée devient dès lors un bon indice de ce dont l'homme a peur, à force de le désirer trop. Ténus, les indices sémantiques ne doivent pas être négligés. Ainsi, tout d'abord, de par son étymologie, « pratique » est un mixte. Savant par sa finale, qui l'apparente à ces adjectifs aisément substantivés, philosophique, physique, juridique, etc., « pratique » retrouve l'existence quotidienne par sa racine, le verbe grec prattô, agir. Compris selon cette mixité, le mot circonscrit donc une manière sinon scientifique, du moins consciente de se rapporter à toute sorte d'action pour mieux agir. On saisit parfaitement cette nuance quand l'action est précisée : le sportif digne de ce nom ne se contente pas de faire du sport, il le pratique. Mais tout devient flou quand le mot est pris absolument. Importance de la pratique, nous dit-on. Si l'on ne précise pas le terrain d'effectuation, le mot joue comme une promesse de maîtrise sans rien à maîtriser. D'où vient ce mot ? Il n'est pas biblique, ni dans sa facfure mixte et savante, ni tellement dans son radical. Certes les deux Testaments résonnent très fort à l'action ; l'homme n'y est pas valorisé par ses belles pensées ni ses belles paroles, mais par l'accomplissement de la loi, puis de la charité en actes. Cela se marque dans les versions grecques de la Bible par une utilisation très majoritaire et en un sens favorable de

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