— L'appellation Mystique rhénane (ou École rhénane) s'est imposée hors d'Allemagne pour désigner le même phénomène que dans les pays de langue allemande on désigne encore aujourd'hui sous le nom de « Mystique allemande ». Étant donné l'usage abusif que le national-socialisme a fait de l'expression « mystique allemande », l'appellation « mystique rhénane » est pleinement justifiée. Mais même du point de vue des faits, elle semble convenir mieux au phénomène historique d'une mystique qui, dans l'ouest de l'Europe centrale, s'est exprimée en langue populaire ; on évite ainsi toute étroitesse nationaliste et l'on donne à l'appellation une caractéristique géographique valable. L'expression « Mystique allemande » — dégagée de tout accent nationaliste — peut alors être conservée pour désigner, comme une sous-division, l'ensemble des écrits mystiques composés en langue allemande. Dès lors « Mystique rhénane » s'applique à la totalité de la mystique exprimée en langue populaire, même s'il faut élargir quelque peu la valeur géographique de l'épithète et l'interpréter avec nuance. 1. La mystique rhénane dans le temps et l'espace. — 2. Problèmes d'interprétation. — 3. L'influence de la mystique rhénane.

1. LA MYSTIQUE RHÉNANE DANS LE TEMPS ET L'ESPACE.

— On manque encore malheureusement d'une étude qui rassemblerait les résultats de la recherche sur les conditions d'apparition de la mystique rhénane en Europe centrale, du point de vue de la culture, de la civilisation, de l'histoire de la spiritualité et des situations sociales. Nous connaissons seulement avec quelque certitude les faits dont témoignent les textes, à condition qu'ils n'aient pas été perdus mais conservés jusqu'aux temps modernes.

1° Les origines.

— Hildegarde de Bingen (1098-1179 ; DS, t. 7, col. 505-21) et Élisabeth de Schönau (1129-1164 ; DS, t. 4, col. 584-88) sont-elles à compter au nombre des « mystiques rhénanes » ? On peut en discuter ; elles s'y rattachent géographiquement en tout cas, même si elles n'ont pas exercé une influence discernable sur le mouvement...

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