Auteur : Claude GEFFRÉ.
 
Tome 14 - Colonne 493
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Titre de l'article : SÉCULARISATION.
Début de l'article :
— Le mot « sécularisation » désigne d'abord un phénomène historique, à savoir l'impact de la modernité sous toutes ses formes sur une société profondément liée à l'Église. C'est un mot typiquement occidental qui relève de la sociologie des religions. Mais il est rare que le concept sociologique en reste au simple constat historique. Il engage en fait une certaine interprétation des rapports complexes qui se sont tissés entre le christianisme et le monde moderne. Il recèle donc souvent une forte saveur idéologique. C'est tellement vrai qu'à l'intérieur même de la pensée chrétienne récente, le mot « sécularisation » est devenu un concept théologique pour désigner la nécessaire désacralisation à laquelle conduit la foi chrétienne. Nous verrons successivement : 1. La pluralité sémantique du mot ; — 2. 494 La sécularisation comme phénomène historique ; — 3. La sécularisation comme concept théologique ; — 4. La sécularisation et le retour du sacré.
1. La pluralité sémantique du mot.
— Au départ, dans le contexte européen, le terme de « sécularisation » avait une signification juridique et neutre. Il désignait l'opération par laquelle s'effectuait un transfert de propriétés et d'usages de certains biens d'Église à des instances d'État. Et encore aujourd'hui, d'un point de vue canonique, le mot sert toujours à désigner la « réduction à l'état laïc » d'un prêtre ou d'un religieux. Mais, progressivement, le mot « sécularisation » va désigner de manière plus générale le processus d'émancipation de la société moderne par rapport à la tutelle de l'Église. On parlera tout aussi bien de « laïcisation » pour désigner le fait qu'un certain nombre d'institutions d'ordre éducatif ou hospitalier passent sous le contrôle de l'État. En fait, sur la base du premier sens juridico-administratif qui concerne les relations de l'Église et de l'État, se greffe un second sens qui vise l'impact de la modernité sous toutes ses formes sur la société et les consciences. On pourrait alors aussi bien parler de « désacralisation ». C'est le « désenchantement » du monde au sens de Max Weber. La...

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