Auteur : Pierre MIQUEL.
 
Tome 14 - Colonne 829
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Titre de l'article : SILENCE
Début de l'article :
— 1. De l'Antiquité au moyen âge. — 2. Des Rhénans au 18e siècle.
I. DE L'ANTIQUITÉ AU MOYEN ÂGE
Le silence n'est pas seulement un thème spirituel. Il a aussi sa place dans la poésie, la philosophie, l'histoire des religions. Comme « phénomène humain », son importance est aussi grande que celle de la parole. Dans la langue latine les verbes silere et tacere étaient assez souvent interchangeables dans l'usage courant. Pourtant, tandis que tacere, verbe actif dont le sujet est un être personnel, désigne simplement l'arrêt ou l'absence de la parole dans une situation donnée, silere, verbe intransitif dont le sujet peut être impersonnel, a un sens plus profond et plus général : « à l'origine il désigne moins le silence (précisons : au sens d'absence de parole) que la tranquillité, l'absence de mouvement et de bruit » (A. Meillet et A. Ernout, Dictionnaire étymologique de la langue latine, Paris, 1951, p. 1103). Il en est de même, dans la langue grecque, pour les verbes sigân (être en silence) et siôpân (se taire ; ne pas parler sur ceci ou cela). Les substantifs silentium et sigè, de même que le français silence, gardent habituellement ce sens général, indépendant des circonstances. Le Latin n'a pas de substantif qui corresponde exactement à tacere ; taciturnitas est en effet un dérivé de taciturnus dont le sens, du moins à l'origine, est plutôt péjoratif : caractère de celui qui est « taciturne », donc peu sociable. Silentium, par contre, de même que le grec sigè, se prête à être utilisé dans un contexte religieux, soit comme une expression de ce qu'est la divinité en elle même, soit comme une attitude humaine en face de la divinité ; à la limite, le sens de ces deux termes est « mystique », celui de taciturnitas, siôpè, etc., plutôt « ascétique ». 830 Comme phénomène humain, être en silence et se taire ont des valeurs différentes. Dans la vie...

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