Auteur : François ROULEAU.
 
Tome 14 - Colonne 951
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Titre de l'article : SLAVOPHILISME.
Début de l'article :
— Le terme de slavophile a servi d'abord au 19e siècle à désigner un groupe de penseurs qui proposaient à la Russie un développement original fondé sur la distinction systématique entre la culture slave et la culture occidentale. Ce courant de pensée, à la fois philosophique et religieux, a connu un tel succès que le terme de slavophile a fini par déborder son sens historique pour devenir une catégorie servant à désigner la tendance russe qui consiste à se définir par rapport à l'Occident. L'influence du slavophilisme a été profonde et durable car ses sources proviennent tout à la fois du tréfonds national, mais aussi de l'idéologie propre à l'époque romantique. Cette double origine constitue un mélange d'idées à la fois rationnelles et émotionnelles, dotées d'une telle puissance qu'elles se sont révélées capables de réinterpréter le passé comme de se projeter sur un avenir idéal, en un amalgame où l'objectivité et la subjectivité, la raison et le rêve sont difficiles à démêler. Pour débrouiller quelque peu cet écheveau, on précisera d'abord les conditions dans lesquelles le mouvement s'est effectivement constitué et quels en étaient les acteurs (Historique), puis on analysera les thèmes principaux de cette doctrine (Théorie), enfin on donnera une appréciation critique sur un mouvement qui croit exprimer l'esprit russe dans ce qu'il a de spécifique, mais qui en réalité est une forme de pensée fortement marquée par le romantisme (Critique). — 1. Historique. — 2. Théorie. — 3. Critique.
1. HISTORIQUE.
— Précisons-le d'emblée pour ne plus avoir à y revenir, à côté du « mouvement de pensée slavophile » il faut mentionner l'existence aussi d'un « slavophilisme officiel », celui du tsar Nicolas Ier et de son gouvernement : un mouvement politique réactionnaire dont les principes sont donnés par la devise d'Ouvarov « Orthodoxie, Autocratie et Nationalité », ou mieux encore par la formule de Benkendorff : « Le passé de la Russie a été admirable, son présent est magnifique, quant à son avenir il est au-delà de tout ce que l'imagination la plus hardie peut se figurer ». Hormis le nom, ce slavophilisme est fort...

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